Les plateformes exploitent-elles nos données après notre mort ?
La question de l'exploitation de nos données post-mortem devient cruciale alors que notre empreinte numérique persiste bien après notre départ. Cette survivance virtuelle soulève d'importantes interrogations juridiques et éthiques.
L'absence d'une législation uniforme concernant nos données après décès crée un vide juridique que différents acteurs peuvent exploiter. En effet, les informations personnelles des défunts restent vulnérables aux utilisations frauduleuses, comme la création de nouveaux comptes ou l'usurpation d'identité. Les cybercriminels ciblent de plus en plus les identités numériques des personnes décédées.
Vos photos vous appartiennent-elles vraiment après votre mort ?
Sur Instagram, les utilisateurs restent officiellement propriétaires du contenu qu’ils publient. Pourtant, en acceptant les conditions d'utilisation, ils accordent à la plateforme “un droit non exclusif, gratuit, transférable, sous-licenciable et mondial” sur leurs images. En 2020, un jugement américain a confirmé que l’intégration d’une photo sur un site tiers relevait de ce droit de sous-licence.
En France, la situation diffère grâce au Code de la Propriété Intellectuelle qui interdit "la cession globale des œuvres futures" et impose que la transmission des droits soit détaillée. Le Tribunal de Grande Instance de Paris a déjà jugé déloyales des clauses similaires concernant X (2018) et Facebook (2019).
Cryptomonnaies et actifs numériques : un héritage à risque ?
Les cryptomonnaies représentent un défi particulier : sans planification adéquate, ces actifs peuvent être perdus à jamais après le décès. Environ 20% de tous les tokens Bitcoin sont déjà perdus et irrécupérables.
Les actifs numériques devraient être traités comme tout autre bien dans une succession. Cependant, leur nature décentralisée nécessite des mesures spécifiques pour garantir leur accessibilité aux héritiers. Sans testament ou plan de transfert détaillé, vos héritiers pourraient ne jamais accéder à vos avoirs cryptographiques, car ces derniers sont stockés dans des portefeuilles nécessitant des clés privées ou des phrases de récupération.
Les géants technologiques proposent des solutions d'héritage numérique
Face à l'omniprésence de la mort numérique, les géants technologiques ont progressivement développé des solutions permettant de gérer notre héritage numérique.
Comment Facebook, Google et X gèrent la mort de leurs utilisateurs ?
Facebook a mis en place un système de "mémorisation" des comptes. Un profil mémorisé affiche la mention "En souvenir de" à côté du nom et reste accessible aux amis et à la famille pour y partager des souvenirs. Il ne peut plus être modifié, sauf par un "contact légataire" préalablement désigné. Ce dernier peut accepter des demandes d'amitié, changer la photo de profil et gérer le compte mémorisé après le décès.
Google propose quant à lui le "Gestionnaire de compte inactif", permettant de partager des données avec des personnes de confiance et préciser quelles informations chacune recevra. Sans configuration, Google supprime automatiquement les comptes inactifs depuis plus de deux ans.
Pour X, la situation est différente. Le réseau social ne permet pas l'accès aux comptes des utilisateurs décédés, mais autorise leur désactivation par un représentant autorisé ou un membre de la famille immédiate, sur présentation d'un certificat de décès.
Apple et Microsoft : des solutions incomplètes pour l'héritage numérique
Apple et Microsoft proposent des outils pour gérer l'héritage numérique, comme le "Contact légataire" d’Apple ou le "Processus pour le plus proche parent" de Microsoft. Toutefois, ces solutions sont limitées. Par exemple, Apple exclut certains contenus comme les achats de films et de musique, tandis que Microsoft ne prend pas en charge des services comme OneDrive et Xbox Live.
Ces dispositifs soulignent l'importance de planifier en amont la transmission de vos données numériques. Ils ne suffisent pas à garantir une gestion complète et sécurisée de votre patrimoine numérique après votre décès. C'est pourquoi des solutions comme Legitbee deviennent cruciales pour une succession numérique en toute tranquillité.
Comment assurer la transmission de vos fonds et services financiers après un décès ?
L'absence d'intermédiaire pour des actifs comme les cryptomonnaies complique leur transmission après un décès. Sans accès aux clés privées, les actifs deviennent irrécupérables. C’est pourquoi il est essentiel d’anticiper leur transmission en consignant les informations nécessaires dans un testament numérique sécurisé. Legitbee accompagne les particuliers dans cette démarche, en les aidant à recenser leurs actifs numériques et à structurer leur succession pour éviter les pertes irrémédiables et simplifier les démarches de leurs héritiers.
Ces dispositifs d'héritage numérique deviennent indispensables dans notre société hyperconnectée, mais nécessitent une préparation en amont. Sans ces précautions, nos proches peuvent se retrouver face à un véritable parcours du combattant pour récupérer nos données et nos avoirs après notre décès.
Anticiper aujourd’hui pour protéger demain
La gestion de notre héritage numérique représente un défi majeur de notre époque. Par conséquent, anticiper sa succession numérique devient aussi important que préparer la transmission de ses biens matériels. Cryptomonnaies, photos stockées dans le cloud, messages électroniques, abonnements numériques… autant d’éléments qui composent aujourd’hui notre patrimoine et qu’il convient de protéger. En France, la Loi pour une République numérique offre un cadre juridique permettant de décider du sort de nos données après notre décès, mais encore faut-il que chacun prenne conscience de cette nécessité et sache comment s’organiser.
Chez Legitbee, nous avons fait de cette mission notre engagement : aider chacun à sécuriser son patrimoine numérique et éviter à ses proches des démarches complexes et éprouvantes. Nous accompagnons les particuliers dans l’anticipation de leur succession digitale tout en simplifiant la transmission des comptes et des actifs en ligne. En définitive, la mort numérique soulève des questions éthiques et pratiques complexes. Pour éviter qu’elle ne devienne un casse-tête pour nos proches, il est essentiel d’agir dès maintenant.